Bon, ok, les tendances mystiques de Télérama ne vous emballent pas plus que ça! Passons à un sujet certainement plus facile à aborder!
Aujourd'hui, je voulais vous parler d'une bande dessinée (j'en ai tout un stock de super BD!) de Frank. La série de Frank met en scène Broussaille, un jeune homme qui met très bien en pratique ce que nous disions à propos de changer son regard sur le monde. Je crois même qu'il y a un tome qui se passe à Bruxelles où il voit des poissons et des baleines parcourir les rues, à la place de nos véhicules habituels...
Dans son dernier tome, "un faune sur l'épaule", Broussaille part à la campagne, apprend surtout auprès des arbres, des animaux, et rencontre un faune. Le faune travaille pour maintenir l'équilibre du monde, et il enseigne à Broussaille une toute nouvelle façon d'appréhender le monde. C'est vraiment jouissif, je tenais plus en place quand je l'ai lu (il fait aussi référence à beaucoup d'auteurs que j'ai lu ou que je lirai), donc je tenais à partager cela. Bien sûr, j'ai la BD en stock pour les amateurs!
Ca commence par quelques citations, qui devraient vous dire quelque chose:
« Cette force n’est pas de celles qui s’opposent, mais le délicat qui vient du fond juste. Mettre dans l’autre plateau de la balance une plume, un grain de sable, une chanson, un poème. Réveiller la mémoire non pour lutter, mais pour condamner ». Christiane Singer.
Et oui, notre amie Christiane est de la partie, quoi de plus normal, tout se recoupe! ;-)
Broussaille parle ensuite de moments-ah!: "Ces moments…comment dire ?... Ces moments parfaits, ces moments auxquels on repense en se disant : « C’est ça ! Oui, c’est exactement ça ! Tout était juste et je le savais ! » Ces moments un peu magiques où on ressent une harmonie, une plénitude au fond de soi… où tout est calme… où tout a confusément du sens, même le mystère…"
Frank nous sort alors une citation de Jean Biès, dont je vous parlerai probablement un jour; "Ces rares moments sont en tout cas les seuls vrais : ce sont les moments sacrés par excellence. Moments qualifiés dont l’intensité fait échapper à la chronométrie égalitaire de nos montres ». Jean Biès.
Broussaille part alors se balader en campagne, et parle aux arbres. Quoi de plus normal, me direz-vous!
"Chacun devrait parler avec les arbres. Un arbre, ça tend ses bras vers le ciel, et, aussi vrai, ses racines vers des essentiels que nous ignorons. A l’abri des regards, j’aime profiter de leur présence très spéciale. Il y a des arbres bien solides, qui peuvent vous prendre dans leurs bras rassurants et vous aident à tenir droit. D’autres vous accueillent et vous nourrissent. Il n’y a qu’à suivre l’énergie qu’ils dégagent, qu’à profiter de la sagesse qu’ils incarnent dans leur grande lenteur."
"Quand nous sommes arbrisseau, le cœur est central, il ne pense qu’à monter la sève et sert la croissance. Mais au fil des ans, le tronc s’élargit, le bois se fait et le cœur vivant devient cercle autour de l’axe. C’est par ce cercle que l’arbre grandit. Cette part vivante est juste là, sous l’écorce et palpite avec l’univers tout autour !"
"Nous, les végétaux, nous grandissons où nous avons germé et n’en bougeons plus. Cette condition fait que nous acceptons tout, absolument tout. Pluie, vent, soleil, tout nous fait grandir là où nous sommes. Tout nous aide, tout est un don. C’est parce que vous avez des pattes, vous les animaux, que vous avez oublié cela. Vous bougez tellement que vous avez oublié que tout est cadeau. Pourtant, voir cela, c’est le secret du bonheur."
"Mes pas m’avaient mené à un arbre étrange. Ses branches tournées vers le ciel ressemblaient à des racines et du sol sortaient des rameaux faisant comme un feuillage. L’arbre semblait retourné, comme si quelqu’un l’avait planté à l’envers. C’est une image ; on pourrait dire que cet arbre se nourrit du ciel. Et que ses feuilles s’épanouissent sur terre. Ainsi en va-t-il de la vie intérieure. Car d’en-haut vient la substance nourricière et celle-ci fleurit sur terre, offrant pollen et abeilles et fruits aux vagabonds ! N’oublie pas l’axe vertical : il féconde toute chose. Regarde le monde : ce que voient tes yeux n’est que l’image de ta richesse intérieure. Ceci est essentiel : tout ce qui est important est caché."
Broussaille rentre chez lui, nouvelles réflexions face à sa bibliothèque (je veux la même):
"Hermann Hesse ! Luis Ansa ! Christiane Singer ! Marie-Madeleine Davy ! Paolo Coelho ! Rainer Maria Rilke ! Michel Tournier ! Sogyal Rimpoché ! Maître Eckart ! Henri Le Saux ! Jean-Claude Carrière ! Xavier Deutsch ! Baudouin ! Arnaud Desjardins ! Mais au-delà de ces livres, il est pour moi une source de lumière… sortie de nulle part… plus étrange encore que les autres."
"La folie, c’est quand l’énergie sacrée est en prison."
"L’homme est un L.S.F. : Sans Lumière Fixe. Il est encore un tout petit enfant qui cherche. Il doit encore apprendre. Et il ne peut apprendre vraiment qu’en se brûlant au feu."
« Ce regard est celui qui dépasse la vision immédiate, horizontale. Il aide à comprendre qu’une montagne, un fleuve, une forêt, sont plus qu’un conglomérat de minéraux, une masse d’eau, de troncs d’arbres, et nous parle de notre ascension personnelle, du devenir cosmique, du sanctuaire intérieur. Tout en appartenant aux règnes minéral, animal et végétal, nous relevons en même temps du règne de la divinité ». Jean Biès. (et come-back de Jean Biès, il faut vraiment que je vous en parle!)
De retour à la campagne, Broussaille rencontre le faune, et commence on apprentissage à ses côtés:
"-Je ne peux pas vous expliquer pourquoi il arrive, ni quand, ni comment. Le faune est là. C’est tout. Ce sont des moments suspendus. Sa manière de répondre aux questions est toujours surprenante, voire énigmatique. Parfois il ne répond rien, il me prend simplement sur son épaule et court sur le dos des latitudes. Je l’ai vu mimer la naissance de l’homme, manger de la terre, sourire aux cailloux, écarter les nuages de ses mains… Il aime courir sur l’horizon, hein ?
-Oui, et tu sais pourquoi ? C’est pour apprendre la joie aux oiseaux ! Ca fait partie de son rôle ! Les faunes sont en charge de la nature. Plus exactement, ce sont les intermédiaires entre les dieux, la nature et les hommes. " (conversation avec un renard).
"Ô faune, toi qui habite les états de grâce et qui parle la langue des hiboux, guide mes pas et apprends-moi encore à tomber dans le ciel ! "
"Le faune m’emmena par la main pour un trekking dans les immensités de l’infime. Parce que chaque chose, chaque événement, chaque émotion a son rôle, sa place, son sens."
"La Terre nous regarde plus que nous le pensons."
"Le faune a une gestuelle très particulière. Je l’ai vu l’exécuter, avec une extrême lenteur, une sorte de danse secrète devant un arbre. Quelles énergies cachées réveille-t-il à ces moments ? Que donne-t-il à l’arbre par ces sauts, ces étirements, ces prostrations ? Il est également capable de bouger très vite. Si vite qu’on ne distingue plus vraiment le mouvement. Juste une vibration.
Accueillir l’énergie, la laisser monter dans le corps, accepter ce qui vient, ne pas juger, ne pas comparer, ne pas analyser. Uniquement laisser s’exprimer ce qui vient… Car tout dans l’univers bouge en permanence.
A le regarder, on peut y voir à deux fois. Il court, mais il se peut que rien ne bouge vraiment. D’autres fois, il va bien plus vite en ne bougeant pad qu’en fonçant tête baissée. C’est parce qu’il est familier avec les pratiques secrètes de l’énergie qu’il peut courir d’étoile en étoile. Ou méditer, sans bouger pendant trois jours, en équilibre sur un fil d’araignée!"
"Parfois pour bien me souvenir, je cherche à fixer ces « moments du faune »…Pour bien me souvenir, je joue à fixer ces moments. Mais ce n’est qu’un jeu. Un jeu, et en fait, une erreur. Car s’ils sont fixés, ces moments ne sont plus vivants. Et s’ils ne sont plus vivants, ils ne sont pas. Ils sont autre chose, mais jamais des « moments du faune »."
Et beaucoup d'autres choses que je tairais pour rtéserver la surprise à d'éventuels lecteurs! Pour finir, un petit passage, sur ces moments où on perd toutes nos interrogations, on s'enfonce dans le confort quotidien.
"Parfois, on entend rien.
C’est un peu désespérant, on a beau écouter… il y a un grand silence mou qui vous remplit, comme une amnésie. On tend l’oreille et… rien. Dans ce silence, les repères fuient, les motivations trépassent, le cap et l’horizon disparaissent.
C’est le grand silence et le désert polaire qui s’installe. Le pis, c’est qu’on ne s’en rend généralement pas compte. On n’entend plus, et tout est normal. La vie continue…
On flotte, on est comme dans un aquarium tiède, logé, nourri, blanchi, plus un bruit, plus âme qui vive.
Mais parfois, par chance, un petit sentiment d’exil apparaît. En tendant l’oreille toujours plus… un léger bruissement perce le silence.
A travers les écrans de toutes sortes, on retrouve enfin le chemin. On remonte à la source… il faut sortir des chemins balisés, suivre les diagonales. Et à nouveau, on l’entend !
On l’entend, le bruit du cœur !
Celui qui fait du bien, celui qui réveille et maintient en vie. Ce battement… comment avait-on pu en perdre l’accès ?!
Cette fois on n’oubliera plus, c’est juré. Mais demain, tout aura changé. Et il faudra se remettre à chercher, se remettre à l’écoute. Faire en sorte que chaque jour de nouveau…
Que chaque jour nouveau soit un jour, avec un faune sur l’épaule."